Manger sur la voie publique [Pv: Asriel, Wario]

Une sortie a été annulée aujourd'hui en raison d'un chamboulement d'emploi du temps. Du coup, j'étais dehors comme un idiot, pas informé pour un sou, du moins pas à l'avance, et je dois rebrousser chemin. Cependant, quitte à sortir, c'était l'occasion de faire des courses dans le jeu où le lapin fut posé. Lorsque j'arrivais à la gare Centrale, avec mes sacs en papier remplis, quelqu'un de familier me parla. Mon ventre, plus exactement. Assez peu assidu quant aux heures de repas, sans une once de honte, je m'installa sur un banc vide, posa mes sacs en papier, et usa de ma créativité pour trouver un moyen d'apaiser le monstre qui grognait de plus en plus fréquemment.

Lorsque mon cerveau tournait à plein régime pour trouver quoi mettre dans cette tranche de pain de mie que je tenais dans ma main gauche, une musique très suspicieuse s'enclencha dans mon casque. Un doute me saisit. Une sensation me parvint. C'était comme si... Cette tranche de pain allait quitter ma main sans rentrer dans mon estomac...

Quel idiot! Enfin, quelle créativité surtout, tout ça à cause d'une musique intrigante!

...Purée, j'ai la dalle ! J'avais bouffé y a quelques minutes seulement, on a pas idée d'rester aussi longtemps sans bouffer, bordel ! J'regardai autour d'moi, histoire d'voir si je pouvais chopper quelque chose...Eh ouais ! Un sandwich, dans les mains d'un gringalet. Wahahahahah ! J'crois qu'j'ai trouvé mon goûter ! J'choppai l'sandwich des mains d'la crevette avant d'le bouffer devant ses yeux...Attends, c'pas un sandwich ça, c'est...

— ...Une tranche de pain...C'est pas ça qui va combler ma faim !!

Si on m'avait dit que ça m'arriverait un jour, je ne l'aurais pas cru! Bon, tout d'abord un peu surpris de cet allègement soudain dans ma main, j'ai vite analysé la situation. Quelqu'un avait pris la liberté de se nourrir de ma tranche de pain toute sèche. J'hésitais entre la colère d'un tel acte et la pitié. Quel être pouvait être affamé au point d'arriver à ce stade là...?

Bon, c'était bien ma première pensée qui fut vite suivie d'une autre bien contrastante. En effet, ayant enfin eu le temps de voir l'auteur du "crime", j'en déduisis qu'il aurait très bien pu tenir sur ses réserves. Mais puisque je sais que les réactions impulsives, sous le coup de l'émotion seule, sont sources de conflits évitables, je met de côté ma vexation pour... Comprendre, car dans tout ça c'est bien ce qu'il me manque.

"... Pardon, pourquoi... Pourquoi ça?"

En y repensant j'aurais pu construire un peu plus. Mais à ce moment là j'étais en train de confronter mon envie de paix et mon envie de cogne. Oui, j'espérais faire triompher la raison à l'émotion. Ah ah...

Wahahah ! Pourquoi il me regarde avec un air aussi pathétique, celui là ? Il veut ma photo ? Un fan j'imagine, héhéhé ! ...Hein ? Comment ça "Pourquoi ça" ? Qu'est-ce qu'il déblatère ce pauv' débile ? J'me décrottai l'piffe, toujours le ventre vide, super...C'est vraiment la merde aujourd'hui !

— De quoi "Pourquoi ça" ? Pfff, peu importe, on s'en fiche, t'as rien d'autre à bouffer ?Tiens, passe moi ton casque, ça ferra l'affaire, ça fait longtemps qu'j'ai pas bouffer d'féraille.

C'est dérangeant. Clairement, la personne en face de moi ne fait pas le moindre effort pour que tout se passe bien. Je souffle bruyamment du museau, instinctivement, comme pour montrer mon agacement. Je range mon casque dans mon sac, que j'éloigne de la portée de ce glouton abrupt, puis je me lève, le surplombant en prenant un air intimidant mais néanmoins pas menaçant. Enfin c'est ce que je me dis dans ma tête en tous cas, mais certainement mes intentions pacifiques sont plus discrètes que jamais. Ce qui est sûr c'est que j'ai l'air fâché, comme prêt à le gronder. Franchement, ce serait dommage de se battre pour quelque chose d'aussi absurde ou anodin.

"N'abuse pas de ma patience, je te prie. Je ne vais rien te donner car ton attitude est très déplacée. Retourne d'où tu viens et pense à travailler tes interactions sociales à l'avenir."

Asriel, t'es beaucoup trop gentil. Et ce n'est pas un compliment. Les gens ne respectent pas les faibles et les niais dans ton genre, il faut griffer, montrer à qui ces badauds s'adressent.

Très peu pour moi, la diplomatie du croc et de la griffe c'est dépassé.

Quoi ? Moi, l'grand Wario, j'viens, j'demande un casse dalle et il m'envoie bouler comme un malpropre...Et il a pas tord, j'ai pas prit d'douche depuis des semaines, j'adore l'odeur d'ail fermenté d'mes aisselles, wahahahah ! Une odeur virile et forte, comme le caractère du Wario !

— C'est bon, arrête d'faire ton rabat-joie ! Laisse moi une place, la toute puissance du Wario peut pas être contenu dans un quart de banc...Wahahah !

J'posai mes grosses fesses sur l'banc moisi, c'qui l'fit pencher et craquer un peu...Eh bah, j''ai déjà vu plus confortable...M'enfin...La barbe, j'me fais chhiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiier !

— Qu'est-ce qu'on peut s'ennuyer dans c'monde d'merde...Heureusement j'existe,
wahahahahah ! T'es pas d'accord ?! Evidemment qu'tu l'es ! Lui dis-je en l'tapotant brusquement avec mon épaule.

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